Il y a quelques années déjà, Didier Rykner, un journaliste spécialisé dans l'art se questionnait sur les travaux engagés Place de la République dans un article de la revue "La Tribune de l'Art".
La persévérance avec laquelle, la municipalité parisienne dirigée par Anne Hidalgo s’acharne sur le patrimoine parisien (ou le laisse s’écrouler) est absolument ahurissante. Chaque jour ou presque amène une nouvelle catastrophe, et samedi prochain la maire de Paris a décidé de prendre un peu d’avance sur son planning en lançant sept chantiers d’un coup : le réaménagement de sept places ! Parmi elles, sont citées expressément la Bastille, la place de la Nation et le Panthéon. On sait qu’il faut y ajouter la place de la Madeleine, nous ne connaissons pas encore les trois autres victimes.
Car la mairie de Paris, championne de l’auto-promotion, explique sans rire dans un communiqué que « deux ans après son inauguration, plébiscitée par les Parisiens qui en ont démultiplié les usages, [la place de la République] est devenue un emblème de la reconquête de l’espace public ». On ne sait auprès de quels Parisiens s’informe Hidalgo, mais tous ceux que nous connaissons constatent que le massacre de la place de la République l’a transformée, qui plus est, en un espace à la fois laid, sale et dégradé. On y ajoutera la ridicule transformation de la statue et de son très beau socle orné de sculptures en bronze – seul vestige de l’aménagement d’origine - en « monument à Charlie » tagué et vandalisé. Qu’on ne se trompe pas : nous avons, nous aussi, manifesté le 11 janvier. Mais en quoi ce vandalisme débile, qui n’est pas loin de ressembler au phénomène des cadenas sur les ponts, honore-t-il en quelque manière les victimes du terrorisme ? On imagine la tête de Cabu voyant cela… Si la mairie n’est pas responsable directement, elle l’est de ne rien faire pour remettre le lieu en état.
L’aménagement de la place de la République a pris les associations de cours ; nul doute que la dénaturation programmée de cet sept autres lieux parisiens insignes ne sera pas aussi facile à mener. Il est temps que le ministère de la Culture prenne ses responsabilités et fasse appliquer les lois protégeant le patrimoine. Il n’existe pas une place de Paris parmi celles auxquelles elle veut s’attaquer qui ne soit monument historique ou en co-visibilité avec des monuments protégés, voire les deux à la fois. Nous ne laisserons pas faire, et les associations non plus.
Entendre Hidalgo dire qu’elle « veut offrir aux Parisiens des places qui sont de véritables lieux de rencontre, des espaces à vivre » prenait une résonance particulièrement savoureuse aujourd’hui mercredi 17 juin pour quiconque se promenait sur la place de la Concorde, l’une des plus belles de Paris, une des plus belles villes du monde. En nous rendant à la superbe exposition Adolfo Wildt à l’Orangerie – à voir absolument ! – nous avons pu constater l’état effroyable de saleté de cette place. On ne sait quelle « activité ludique » s’est déroulée ici, mais elle a transformé l’endroit en dépotoir et sûrement pas en « espace à vivre ». Au moins faudrait-il envoyer immédiatement des employés municipaux nettoyer ces immondices. Deux heures plus tard, ceux-ci étaient toujours là, et ils y sont encore, probablement. On se demande ce que les touristes étrangers pouvaient penser en voyant cela. Paris sous Hidalgo est en réalité la poubelle ville du monde !
Quelques années après, en 2018, en se baladant il a publié un nouvel article faisant état des lieux de la Place de la République.
Nous poursuivons notre promenade estivale dans le Paris enchanté d’Anne Hidalgo (voir ici et ici) par une courte mais passionnante visite d’une toute petite partie du XIe arrondissement qui commence par la place de la République (sur ces promenades, voir aussi cet article).
Cette place peut en quelque sorte être considérée comme le terrain d’expérimentation de la mandature Hidalgo. Sa destruction date de Bertrand Delanoë, mais la maire actuelle était déjà sa première adjointe, en charge de l’urbanisme, et nous y rencontrons ce qui s’est depuis déployé dans toute la ville, notamment un mobilier urbain en bois brut particulièrement immonde. Bien entendu, ces bouts de bois assemblés qui servent de banc et qui cernent entièrement la place sont depuis longtemps tagués et désormais complètement usés. On dirait les restes d’un chantier en cours.
On retrouve aussi la désormais classique composition en barrières grises et vertes qui finit par être utilisée comme une poubelle. Quelle qu’ait pu être un temps son utilité (on voit ici une espèce de rond en béton dont on ne sait rien et dont il faut sans doute protéger les passants), rien n’a été fait pour résoudre le problème et ce type d’installation peut rester des semaines, voire des mois sur le trottoir parisien. On en rencontre un peu partout, il suffit de marcher dans Paris.
Parfois, des panneaux gisent sur le sol comme ici, toujours place de la République, sans doute prêts, comme nous l’expliquait le maire du IVème (voir l’article), à « protéger des interventions des concessionnaires qui interviennent pour l’électricité, l’eau et toutes ces choses qui arrivent chez vous ».
Plus ennuyeux encore, certains poids en béton, comme celui-ci qui manifestement sert à fermer une trappe dans le sol, ne sont pas protégés par des barrières vertes et grises menaçant ainsi le piéton qui pourrait trébucher dessus…
Et survient l’improbable, le Graal du promeneur parisien, qui avait déjà à son actif deux modèles : un troisième prototype d’urinoir de rue !
Celui-ci (à l’entrée de la rue Léon Jouhaux) est d’un type un peu différent : tout aussi moche, tout aussi peu discret, mais en métal et permettant d’uriner à plusieurs d’une manière encore plus conviviale que celui de la rue Saint-Antoine en autorisant des comparaisons que la décence nous empêche de détailler plus avant.
Ces machins sont censés dissuader les infâmes individus qui prennent les rues pour des latrines. Si l’on en croit les multiples traces visibles le long du mur (nous vous épargnerons les photos) et l’odeur qui s’y attache, ils sont au contraire une incitation supplémentaire à uriner dans la rue.
On admirera en plus l’extraordinaire talent de la Ville de Paris pour respecter le caractère historique de la Ville. Alors que celui de la rue Saint-Antoine avait dans un premier temps été installé devant la façade de Saint-Paul-Saint-Louis, celui-ci est placé juste en dessous d’une place commémorative à la mémoire de Nicéphore Niepce et de Louis Daguerre. Sans doute veux-t-on ainsi souligner le panorama qu’il offre à la vue des passants...
Un peu plus loin, on en vient une nouvelle fois à regretter les barrières grises et vertes, avec une structure en métal rouillé et des fils électriques isolés avec du ruban adhésif qui sortent du trottoir, sans aucune protection, le long du mur déjà souillé par l’urinoir.
Nous passons évidemment, une nouvelle fois, sur la saleté répugnante des rues. La Mairie prend pourtant soin d’utiliser des sacs marqués « vigilance / propreté » qu’ils laissent se remplir sans les vider immédiatement, ce qui aboutit à ce type d’accumulation d’ordures… Ne pas vider régulièrement les poubelles des rues est une pratique courante à Paris, qui encourage les personnes sans éducation à jeter n’importe quoi n’importe où.
Quant aux tags innombrables que nous n’avons pas non plus signalés, ils vont parfois jusqu’à rendre pratiquement illisibles les noms des rues sans que cela provoque la moindre réaction de la Mairie de Paris.
Nous terminerons cette troisième et très courte (quelques centaines de mètres) balade estivale dans le Paris féérique d’Anne Hidaglo avenue de la République avec un peu de végétalisation et des compositions pleines d’agrément et de fraîcheur.
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